
16 octobre 2025
Près d’un cadre sur trois en France présente aujourd’hui une santé mentale fragilisée. Cette crise silencieuse, révélée par la dernière étude de l’APEC (Association pour l’Emploi des Cadres) d’octobre 2025, ne se limite pas à une question de charge de travail : elle interroge en profondeur notre rapport au temps, à la performance et au sens. Dans ce contexte, la tradition spirituelle ignatienne peut offrir des chemins de discernement et de respiration intérieure.
« Ce qui s’exprime aujourd’hui dans les entreprises n’est pas seulement une fatigue, mais une quête de sens. »
La pression structurelle du monde professionnel
La pression qui pèse sur les décideurs professionnels n’est pas une simple affaire de rythme soutenu ou d’ambition personnelle : elle est devenue systémique. Quatre cadres sur dix déclarent travailler « toujours ou souvent » sous pression, contre un quart chez les non-cadres. Plus des trois quarts poursuivent leurs activités professionnelles pendant leur temps personnel.
Les journées se prolongent, les sollicitations numériques s’accumulent, les réunions s’enchaînent, et la concentration devient une ressource rare. Dans ce paysage, la disponibilité permanente n’est plus une exception mais une norme tacite. Le développement du télétravail y contribue. Les plus jeunes et les femmes apparaissent comme les plus exposés, mais aucune strate hiérarchique n’est véritablement épargnée.
« On ne décroche plus : le travail occupe tous les espaces, y compris intérieurs. »
Fatigue intense, silence collectif
Ces conditions produisent une usure bien réelle. Soixante pour cent des cadres disent ressentir une fatigue intense, 54 %souffrent de troubles du sommeil, plus de la moitié évoquent une perte de motivation. Et pourtant, deux tiers d’entre eux n’ont pas été arrêtés par leur médecin au cours de l’année écoulée.
Ce silence s’explique en grande partie par une culture du dépassement profondément ancrée : un « bon cadre » doit tenir. Dire sa fragilité revient encore trop souvent à s’exposer au soupçon, à freiner sa carrière ou à risquer la mise à l’écart. Ce surengagement subi alimente une fatigue chronique et une forme d’isolement intérieur.
Des entreprises encore en retrait
Face à cette alerte, la réponse organisationnelle reste limitée. Certes, la santé mentale figure désormais dans le Code du travail, mais 44 % des cadres estiment que leur entreprise s’est contentée de communiquer sur le sujet sans action concrète, et 30 % n’ont observé aucune mesure réelle.
Les dispositifs mis en place se concentrent souvent sur le bien-être périphérique — ateliers de relaxation, espaces détente — plutôt que sur les causes structurelles : surcharge, management vertical, hyperconnexion, faiblesse des marges de manœuvre. Les managers, souvent en première ligne, subissent eux-mêmes cette pression et bricolent des réponses, sans formation ni soutien adaptés.
« La santé mentale ne se règle pas avec des salles de sieste. Elle suppose de repenser le rapport au travail. »
Une crise de sens, plus qu’une crise de charge
Derrière les chiffres se joue quelque chose de plus profond qu’une simple question de fatigue. Beaucoup de cadres aspirent à « ralentir sans renoncer », à retrouver une cohérence entre ce qu’ils font et ce qu’ils sont, à relier leur activité professionnelle à une vision plus large de leur vie.
Cette crise est aussi spirituelle — au sens fort du terme. Elle interroge la finalité du travail et la place de la personne dans des organisations toujours plus tendues.
L’apport du discernement ignatien
La tradition ignatienne offre des repères précieux pour traverser ces zones de tension intérieure. Elle invite d’abord à relire sa vie : s’arrêter, nommer ce qui use et ce qui donne encore de la vie. Elle propose ensuite de discerner les mouvements intérieurs : identifier ce qui conduit à la consolation, à la paix et à la fécondité, et ce qui, au contraire, enferme ou appauvrit.
Elle ouvre enfin un chemin pour agir à partir d’une boussole intérieure, et non uniquement selon les impératifs externes. Dans les équipes Eccleria, cette démarche se vit en groupe, dans des espaces de parole libre et d’écoute active. les équipiers ne cherchent pas à fuir le monde professionnel, mais à retrouver souffle et alignement.
« Discerner, c’est apprendre à choisir ce qui fait vivre, même au cœur de la tension. »
Retrouver le souffle pour retrouver le sens
La dégradation de la santé mentale des cadres n’est pas une fatalité individuelle. Elle révèle une transformation profonde du monde du travail — et une attente tout aussi profonde de sens et de respiration.
Répondre par une démarche spirituelle vécue en équipe n’est pas accessoire. C’est une manière de reprendre la main sur ce qui façonne nos existences quotidiennes. Dans un monde où tout pousse à l’épuisement, discerner ensemble devient un acte de résistance… et d’espérance.
👉 Pour aller plus loin : Pression : Quand le travail épuise, comment discerner ?
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Rejoindre une équipe Eccleria, c’est prendre le temps de relire ses choix, éclairer ses décisions et cheminer avec d’autres chrétiens engagés dans leur vie professionnelle.
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