PUF, 2024

96 pages

Publié le : 05/10/2024

2 minutes

lu

Comment le droit nous rapproche de la nature

Sacha Bourgeois-Gironde | Frantz Gault

« L’acidification de l’océan, l’assèchement d’une rivière, la fonte d’un glacier sont les conséquences directes ou indirectes d’institutions humaines Â», constate Sacha Bourgeois-Gironde qui se demande ce qui, dans le droit, ses techniques et ses concepts, permettrait de garantir l’habitabilité du monde. Deux voies se proposent à nous : celle qui octroie le statut de personnalité juridique à des entités vivantes ou écosystémiques, comme le fleuve Atrato en Colombie, ou celle centrée sur notre place d’humain redevable envers la nature.

D’un côté, le droit naturel écocentrique ; de l’autre, la valorisation des relations et des « attachements Â» au travers de droits à revisiter : droits de succession, de la santé ou de la propriété intellectuelle. L’auteur invite à repenser notre relation d’héritiers et de légataires des environnements naturels, à considérer les biens naturels comme inaliénables et supports de justice intergénérationnelle. En valorisant les interactions et des processus naturels, il ouvre à la responsabilité pour tout propriétaire de maintenir et entretenir les milieux dont il est dépositaire.

Les entreprises ont ici un rôle capital à jouer. C’est le sujet qu’aborde Frantz Gault, en distinguant trois modèles d’affaires fondés sur les catégories de Philippe Descola. « La nature ne peut plus être considérée comme une marchandise, Ã©crit-il. Elle doit être protégée et pourrait même devenir une entité qui gouverne. Â» Il l’imagine devenir salariée si l’on se place dans un cadre animiste qui valorise chaque organisme individuel, chaque âme, qu’elle soit humaine ou non. Elle pourrait aussi être une « partie prenante Â» qui porte la voix des écosystèmes (vision analogiste des êtres vivants en relation). Mais la nature aurait aussi toute légitimité à être reconnue comme actionnaire, tant elle constitue un facteur de production puissant et incontournable. L’« apport en nature Â» des communautés biotiques territorialisée ou « Ã©coumènes Â», chères au totémisme, serait ainsi reconnu comme « capital naturel Â». Avec un pouvoir pour inaugurer une véritable politique des communs ?

Dorothée Browaeys

Pour aller plus loin

Partager sur les réseaux