24 novembre 2025
Lors de leur voyage jubilaire à Rome en novembre, Claire et Jean-Baptiste Salles ont rencontré Nathalie Becquart
JB/C : Bonjour Nathalie, vous êtes née en 1969 à Fontainebleau et êtes religieuse xavière. Vous avez occupé des responsabilités majeures, notamment au Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations, puis comme sous-secrétaire du secrétariat général du synode des évêques. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre mission actuelle ?
Mme B. : Mon rôle est de mettre en œuvre la synodalité dans l’Église, c’est-à-dire de favoriser une écoute et une collaboration accrues entre tous les chrétiens, à tous les niveaux. Cela passe par des voyages fréquents, notamment en Afrique, en Asie et dans les pays anglophones. L’objectif ? Permettre à chacun de s’exprimer et de contribuer à la vie de l’Église, en tenant compte de la diversité des cultures et des réalités locales.
JB/C : Vous évoquez souvent la nécessité de dépasser l’héritage colonial et missionnaire de l’Église. Pourquoi est-ce si important aujourd’hui ?
Mme B. : Au début du XXe siècle, la majorité des chrétiens vivaient en Europe. Aujourd’hui, ils ne représentent plus que 20 % des fidèles. L’Église de Rome a longtemps été marquée par une vision eurocentrée, mais avec le pape François, puis le pape Léon, une conversion s’opère : il s’agit d’écouter davantage les chrétiens d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine. Leur voix et leurs pratiques de foi sont essentielles pour une Église universelle. La synodalité, c’est aussi reconnaître que la foi se vit différemment selon les cultures.
JB/C : Le rôle des femmes dans l’Église est un sujet récurrent. Où en est-on aujourd’hui ?
Mme B. : Beaucoup de progrès ont été accomplis, même dans le cadre des règles actuelles. Des femmes occupent déjà des postes de responsabilité, comme directrices d’instituts catholiques ou dans les évêchés. Cependant, il reste un travail de fond à mener pour que leur place soit pleinement reconnue, notamment dans les instances décisionnelles.
JB/C : Quels sont les thèmes prioritaires que l’Église devrait aborder avec le monde professionnel, selon vous ?
Mme B. : Deux enjeux me semblent cruciaux, portés par le pape Léon :
- L’intelligence artificielle : Comment l’Église peut-elle accompagner les professionnels face aux défis éthiques et sociaux posés par ces technologies ?
- La santé mentale au travail : Un sujet qui touche particulièrement les jeunes. L’Église a un rôle à jouer pour sensibiliser et soutenir les personnes en difficulté.
JB/C : Vous insistez sur l’importance du terrain. Pourquoi est-ce indispensable pour la synodalité ?
Mme B. : La synodalité ne peut pas être incantatoire ! Elle doit se vivre concrètement, sur le terrain. Chaque culture, chaque continent a sa propre manière de vivre la foi. Pour implémenter cette approche, il faut aller à la rencontre des communautés, écouter leurs attentes, et faire de la pédagogie. C’est un travail de longue haleine, mais essentiel pour une Église vraiment universelle.
JB/C : En conclusion, comment voyez-vous l’avenir de l’Église avec le pape Léon ?
Mme B. : Le pape Léon a une connaissance approfondie des cultures, grâce à ses voyages et à son histoire familiale multiculturelle. Il est mieux armé que jamais pour comprendre la complexité de notre monde. Son approche, dans la continuité du pape François, est une chance pour l’Église : elle peut enfin devenir un lieu de paix et de dialogue, où chaque voix compte.
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