Albin Michel, 2019

347 pages

Publié le : 11/06/2025

2 minutes

lu

Les catholiques en France de 1789 à nos jours

Denis Pelletier

Pourquoi la France laïque et sécularisée se déchire-t-elle dans des controverses où des catholiques, minoritaires, jouent encore un rôle central ? Denis Pelletier traite la question, attentif à cette intimité conflictuelle qu’entretiennent catholicisme et modernité politique depuis la Révolution. 

La double appartenance française et catholique de ses héritiers nourrit des conflits récurrents. Cette dynamique se déploie à mesure que la place assignée au catholicisme se restreint avec le temps depuis qu’elle a perdu sa capacité à informer et à organiser l’espace public en 1789. 

Philosophiquement antimodernes, les catholiques se montrent inventifs au plan social puis politique au cœur d’une modernité naissante. Mais le conflit autour du concordat entre ultramontains et gallicans nourrit une nouvelle ligne de fracture entre catholiques intransigeants et catholiques libéraux. Depuis le point d’orgue de la séparation de 1905 jusqu’au hiatus entre hiérarchie maréchaliste et catholiques résistants, en passant par la réconciliation nationale de 1914–1918, le conflit culturel et religieux se déplace du champ social au champ politique. Instance de transformation, le concile Vatican II reconfigure lui aussi la relation à la modernité. Divisés, les catholiques se retrouvent d’autant plus marginalisés dans le moment hautement conflictuel de l’après 1968. 

A l’heure où l’intime devient une question politique, l’institution s’oppose à une politique du genre et aux lois autour du début et de la fin de vie tout en ayant des difficultés à admettre les causes cléricales des abus sexuels [1]. Détrompant l’idée d’un monolithisme conservateur, l’ouvrage révèle un catholicisme très divers. Cette histoire propose le catholicisme comme révélateur d’une redéfinition des fondements anthropologiques de la vie commune en France. Les tensions politiques et culturelles que ce récit révèle travaillent à la fois l’Eglise et la démocratie. 

Martial Busuttil et Bertrand Hériard 

[1] « au moment où l’Eglise présente son opposition au politique du genre et de la vie comme le dernier rempart des vies faibles contre les pouvoirs qui les menacent, elles refusent de voir les abus de pouvoir commis par des hommes disposant de la plénitude de l’autorité canonique contre les faibles dont ils avaient la charge » (p.322). 

Pour aller plus loin

Partager sur les réseaux