Flammarion, 2025

365 pages

Publié le : 21/09/2025

2 minutes

lu

Le monde confisqué

Essai sur le capitalisme de la finitude

Arnaud Orain

Depuis 2010, nous assistons au retour de compagnies privées dotées d’attributs souverains qui rejettent la concurrence au profit des monopoles. Ils sont soutenus par les présidents Trump, Xi-ping, Modi et Poutine, qui rivalisent de puissance dans un monde perçu comme limité et menacé.

Pour bien comprendre le phénomène, Arnaud Orain propose une relecture originale de l’histoire économique moderne. Il oppose au récit classique du capitalisme libéral – fondé sur le libre-échange, la concurrence et la croissance infinie – un autre modèle, plus ancien et plus récurrent : le capitalisme de la finitude, fondé sur la prédation, la monopolisation des ressources et la fermeture des marchés.

Ce capitalisme s’est déployé dans deux grandes périodes historiques :

XVIe–XVIIIe siècle : à l’ère des grandes découvertes, les puissances européennes se lancent dans une course à l’appropriation des terres, des mers et des êtres vivants. Ce capitalisme impérial repose sur la violence, l’esclavage, la privatisation des routes maritimes et la constitution de compagnies-États exerçant des fonctions souveraines.

1880–1945 : après une parenthèse libérale au XIXe siècle, le capitalisme de la finitude revient avec force à la fin du siècle. Il s’incarne dans les empires coloniaux, le protectionnisme, les monopoles industriels et une militarisation croissante du commerce. La mondialisation devient impériale, fondée sur la rente et la domination.

Aujourd’hui, dans un monde confronté aux limites écologiques, à la raréfaction des ressources et à la crise du néolibéralisme, le capitalisme de la finitude ressurgit sous des formes nouvelles : compagnies technologiques exerçant des fonctions étatiques, nouvelle ruée vers les terres rares et les données numériques, logiques de silos impériaux et privatisation des océans.

La conclusion du livre appelle à une rupture. L’auteur propose une économie des quatre éléments – terre, mer, air, feu – fondée sur la sobriété, la relocalisation et une gouvernance démocratique des ressources. Face à la montée des tensions géopolitiques et des logiques extractivistes, il plaide pour une transition écologique radicale, seule capable de contrer la spirale autoritaire du capitalisme de la finitude.

Ce livre est à la fois un essai historique, une critique politique et une proposition pour l’avenir. Il offre une grille de lecture puissante pour comprendre les enjeux économiques et géostratégiques du XXIe siècle.

Bertrand Hériard, aumônier de secteur à Marseille

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