Allary Éditions, 2024

296 pages

PubliĂ© le : 15/04/2024

3 minutes

lu

La révolution obligée

David DjaĂŻz | Xavier Desjardins

Avec pour sous-titre « RĂ©ussir la transition Ă©cologique sans dĂ©pendre de la Chine et des États-Unis Â», l’objectif gĂ©nĂ©ral de « La rĂ©volution obligĂ©e Â» est clair. Si les ambitions de ces deux puissances sont analysĂ©es avec beaucoup d’intelligence, c’est pour affirmer que l’Europe doit tracer, avec ses atouts, sa propre voie dans cette transition.

David Djaïz est un jeune haut fonctionnaire, essayiste en philosophie politique, à l’occasion journaliste. Xavier Desjardins, professeur d’urbanisme à Sorbonne Université, a écrit de nombreux livres sur les relations entre aménagement et enjeux écologiques.

MĂŞme dans la partie relative aux constats, les deux auteurs apportent un point de vue original. La rĂ©volution nĂ©cessaire s’amorce dans un système de compĂ©titions multiples : entre les filières industrielles, entre les territoires, entre riches et pauvres, entre gĂ©nĂ©rations. Il faut avoir conscience de ce contexte pour le dĂ©passer et ne pas entraĂ®ner de blocages.

Regarder l’évolution rĂ©cente de la Chine et des États-Unis est utile pour comprendre que leurs objectifs de transition Ă©cologique sont fondĂ©s, dans les deux pays, sur un imaginaire national ; la Chine rĂŞve de crĂ©er, pour le monde entier, une « civilisation Ă©cologique Â» ; les États-Unis se veulent porteurs d’un « messianisme productif Â».

En Europe, pour l’instant, point d’imaginaire collectif. Les objectifs en matière de transition Ă©cologique sont exprimĂ©s par des rĂ©glementations mal acceptĂ©es, par des taxes ou par des quotas. Certes, il y a aussi des moyens financiers, mais ils ne sont pas Ă  la hauteur des besoins, l’Europe et les pays qui la composent Ă©tant en partie prisonniers de leurs règles budgĂ©taires. Enfin, l’Europe est un « machin Â» trop Ă©loignĂ© des gens pour ĂŞtre porteur d’un rĂŞve.

Parmi les nombreuses pistes que les auteurs décrivent de façon précise, la première éveille particulièrement l’attention. Pour faire adhérer le corps social en entier, la transition écologique doit s’appuyer sur l’un des piliers communs à l’Europe, la solidarité, qui s’est exprimée historiquement sous la forme de l’État-providence. Affirmation paradoxale à l’heure du libéralisme ambiant, mais il s’agit-là d’une proposition de relation directe entre l’Union européenne et les citoyens pour les aider à investir pour changer leurs modes de vie.

L’autre axe qui fĂ©dère la plupart des autres propositions peut se rĂ©sumer par le mot « contrat Â». Il s’agit de combiner des objectifs dĂ©finis « en haut Â» et des moyens de mise en Ĺ“uvre, discutĂ©s et adaptĂ©s aux rĂ©alitĂ©s « d’en bas Â» ; chaque niveau a sa lĂ©gitimitĂ©. De nombreux champs d’application de cette politique sont illustrĂ©s.

Arnaud Laudenbach

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