La création retrouvée

« Loué sois-tu pour notre sœur mère la terre ». Comment peut-on être à la fois la sœur et la mère ? Saint-François a su fraterniser avec celle qui nous nourrit et celle qui gémit des douleurs d’un enfantement. Car le cantique des créatures n’est pas seulement l’émerveillement béat d’un homme de la ville qui retrouve la campagne, mais celle d’un vieil homme éprouvé par la maladie et par les difficultés de son ordre naissant.

« Loué sois-tu par frère feu par lequel tu nous illumines la nuit ». Pour François, respecter le feu, c’est l’entendre parler de la gloire de Dieu, dans ce qu’elle a de bienfaisant et de redoutable. Quand il écrit son chant, François vient de faire cautériser au fer rouge une plaie qu’il a au visage.

« Loué sois-tu par ceux qui pardonnent par ton amour et soutiennent maladies et tribulations ». Ce que frère François a découvert en visitant les lépreux, il le ressent maintenant dans son corps malade. Ce qu’il a découvert en pardonnant à ses amis, il l’éprouve en supportant les critiques dans son ordre. « Loué sois-tu pour notre sœur Mort corporelle ». À la fin de sa vie, François fraternise avec celle qui va achever son dépouillement et lui permettre de rencontrer le Père.

Ainsi le cantique des créatures est un hymne à la Trinité. Hymne au Père qui nous a faits, hymne au Fils qui nous a montré le chemin, hymne à l’Esprit qui nous rend frères de tous les vivants, humains et non-humains. C’est justement le chemin que nous propose Laudato si’. Car, « la terre grouille de fraternité », conclut l’auteur en citant le témoignage d’un jeune agriculteur devant les évêques de France réunis à Lourdes.

Bertrand Hériard