Ignace de Loyola

Ce ‘principe et fondement’ est le porche d’entrée des Exercices spirituels (§23). Pour bien comprendre les expériences intérieures qu’Ignace désire y partager, il est nécessaire de lire son autobiographie.

Ignace fut en effet dépossédé de tous ses projets successifs : défendre la ville de Pampelune devant l’armée française, imiter et dépasser saint François et saint Dominique, aller en pèlerinage à Jérusalem et y rester, aider les âmes en même temps qu’il étudie, réunir des compagnons à son image… Toutes ces étapes furent autant de jalons de son itinéraire spirituel. Reconduit sans cesse à la butée où son imaginaire s’est brisé, il fut remis constamment dans l’espace et le temps du discernement. Il apprit ainsi à ne pas rester à la pure intention de servir Dieu, mais d’en trouver les moyens concrets. Cette humble fidélité au désir qui l’a traversé ne fut possible qu’à l’intérieur de la joie qui emportait tout en Dieu. La joie du renoncement, loin d’une jouissance masochiste, fut la reconnaissance heureuse que tout se réalisa au-delà de ce que le pèlerin avait imaginé. De renoncement en renoncement, il s’effaçait devant le Christ qui l’a choisi comme compagnon de route et qui lui a donné d’autres compagnons.

Pour ceux qui veulent découvrir la spiritualité ignatienne, la lecture du ‘récit du pèlerin’ est incontournable. Pourtant, ce texte, dicté à son secrétaire à la fin de sa vie, reste difficile parce qu’il est écrit avec des mots et des images du XVIe siècle. Le commentaire de Michel Kobik est pour cela très utile. Il propose une traduction en langage contemporain des expériences de vérité du fondateur de la Compagnie de Jésus.

Bertrand Hériard, aumônier du secteur de Marseille.