Le catholicisme, une histoire mondiale

De la Révolution française au pape François

John T. Mc Greevy

Raconter d’une seule main l’histoire du catholicisme mondial depuis la Révolution française est une tâche particulièrement ambitieuse au regard de l’extrême complexité de cette histoire.

Après le choc de la Révolution française et ses répliques dans toute l’Europe, le catholicisme renaît en restant populaire et encouragé par les papes, contestés eux-aussi. Au temps des mutations (1870- 1962), alors que le monde est partagé par des empires européens et que les nations se font guerre au niveau mondial, le catholicisme surmonte les crises par un retour aux sources. Il soutient les décolonisations avant même qu’elles ne soient réalisées politiquement. Enfin, Vatican II apparaît comme l’éclosion des idées brassées dans le monde entier.

Le lecteur français s’étonnera du rôle de Jacques Maritain, converti au catholicisme et fondateur du personnalisme : ami d’Emmanuel Mounier et de Giovanni Battista Montini (futur pape Paul VI), correspondant de De Gaulle aux États-Unis et ambassadeur au Vatican, il inspira beaucoup des démocraties chrétiennes après la guerre.

Le concept de développement, promu par Gaudium et spes et Populorum progressio, est toutefois vite contesté par des mouvements de libération, notamment en Amérique latine. La mutation de la société va plus vite que celle de l’Eglise. Bon nombre de catholiques la quittent parce qu’ils la sentent patriarcale et proche des élites. Le charisme de Jean-Paul II et la rigueur doctrinale de Benoît XVI ne suffiront pas à endiguer l’exode. D’autant plus qu’une position magistérielle ambiguë sur la sexualité a perdu son autorité par une crise des abus sexuels liée au cléricalisme. Un épilogue décrit comment le pape François continue la réforme de Vatican II en ouvrant l’immense chantier de la synodalité.

Le projet était ambitieux ; le pari est largement gagné grâce à la maîtrise de la bibliographie ainsi qu’aux nuances qui permettent de rendre compte de la complexité du tableau. Comme le souligne Florian Michel dans la préface, l’argument proposé par l’auteur en introduction est à entendre au sens fort de thèse : “Une meilleure compréhension du catholicisme améliorera notre intelligence du monde moderne. Aucune institution n’est aussi multiculturelle ni aussi multilingue ; peu touchent autant de personnes (…) Seul le catholicisme compte 1,2 milliard de baptisés, dont la moitié sont des gens de couleur qui vivent dans le Sud global.” (p. 13)

Bertrand Hériard, aumônier de secteur à Marseille