Nouvelle Cité, 2022

296 pages

PubliĂ© le : 12/09/2022

2 minutes

lu

EnquĂȘte sur la culture du don en entreprise

Anouk Grevin

Anouk Grevin connaĂźt bien le sujet du don au travail. C’est le titre de la chaire qu’elle occupe Ă  Nantes UniversitĂ© et la thĂ©matique de plusieurs de ses ouvrages. Dans le titre de son nouveau livre, le mot important est « culture Â». C’est bien plus vaste que la seule « pratique du don Â».

L’auteure prĂ©sente en dĂ©tail quatre cas, une banque aux Philippines, une chaĂźne de boulangeries en CorĂ©e du Sud, une entreprise de nettoyage au Paraguay et un grossiste de matĂ©riaux de constructions en Argentine.

Ces quatre entreprises ont Ă©tĂ© créées parfois Ă  partir de rien, par des entrepreneurs, souvent maris et femmes, qui, dĂšs le dĂ©part, ou trĂšs vite, ont eu le souci premier du partage avec ceux qui sont laissĂ©s au bord du chemin. Ce partage prend des formes trĂšs diverses, non exclusives les unes des autres, partage de produits, partage du temps, des compĂ©tences et de la formation, partage des mĂ©canismes de dĂ©cision au sein de l’entreprise, partage avec les partenaires de l’entreprise, fournisseurs et clients sous des formes multiples, qui ont presque toutes un impact financier.

Chacune de ces aventures est bien entendu particuliĂšre. Mais c’est parce que, dans chaque cas, il y a une cohĂ©rence globale, comprise et largement partagĂ©e par les salariĂ©s, que l’on peut parler de « culture Â». Cette culture impacte autant les relations au sein de l’entreprise que celles avec le territoire oĂč chacune est implantĂ©e. Par des voies diverses, plusieurs dĂ©veloppent cette culture du don Ă  l’extĂ©rieur. L’un des chapitres relatifs Ă  l’entreprise argentine s’appelle « la technique du don en cascade Â».

Ce panorama ne doit pas laisser croire que tout est parfait. L’auteure a cherchĂ© Ă  saisir les points faibles, en Ă©coutant de la façon la plus objective possible. Mais l’ensemble est saisissant de crĂ©ativitĂ©, de sens de la relation confiante entre les personnes, quelles que soient leurs fonctions. Et le plus saisissant est que ce sont des entreprises qui ont connu un dĂ©veloppement considĂ©rable et qui continuent Ă  bien marcher. Cette culture du don est un facteur dynamisant pour l’entreprise, mĂȘme si ce n’est pas dans une perspective utilitariste que leurs dirigeants et leurs Ă©quipes y sont tant attachĂ©s.

Sans en parler beaucoup, l’auteure fait mention du terreau qui a favorisĂ© ces initiatives, l’« Ă©conomie de communion Â», créée il y a 30 ans, dans la mouvance des Focolari, et fortement ancrĂ©e dans la doctrine sociale de l’Église.

Arnaud Laudenbach

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